Il y a 50 ans le 13 mai 1973, jour pour jour le CSBJ remportait son troisième titre de champion de France 2 ème division contre Le Creusot (71 Saône et Loire) par 10 à 6.
La rencontre se joua à Roanne au stade Malleval devant 9 395 spectateurs payants mais certainement 12 000 personnes avec les cartes d’abonnement. Le stade était plein à craquer et déjà une sacrée ambiance digne des phases finales de 1 ère division.
En 1973, l’équipe était toujours emmenée par un très grand entraineur joueur champion de France avec Lourdes en 1968 et le CSBJ en 1971 : Serge DUNET.
Pour moi il fait partie des deux meilleurs entraineurs avec Michel COUTURAS, que le CSBJ ait eu du moins sur la période que j’ai connu jusqu’à aujourd’hui.
Un joueur et un entraineur emblématique, qui fit franchir un palier à l’équipe, tout en lui donnant un style de jeu fait de mouvements permanents et de passes du N° 1 au N° 15. En plus il avait la culture de la gagne et l’avait transmise à ses coéquipiers.
Deux ans après le titre de 1971, et une seule saison en 1 ère division nationale en 1972, le CSBJ redescendit en 2 ème division. Pourtant la descente fut entérinée lors du dernier match de la saison 1972 perdu à domicile contre Mont de Marsan cher au capitaine de cette équipe et de l’EDF : Benoit DAUGA. Rencontre houleuse où ce même joueur mit KO un très bon 3 ème ligne du CSBJ : JC Campet. Il ne fit pas honneur ce jour là à son rang d’international.
A l’orée de la saison 1972-1973, il fallu repartir en 2 ème division dans une poule constituée de : ANNECY - BELLEGARDE – ISSOIRE – MONTELIMAR – PIERRELATTE – ROANNE – SALON – VIENNE – VOIRON. Il y eut de sacrés derbys. Le CSBJ termina en tête de sa poule et entama la campagne des phases finales pour regagner sa place en 1 ère division.
Bourgoin battit successivement Hagetmau 16 à 0 en 16 ème, puis pour le match de la montée en 8 ème…le finaliste de 1971 Pamiers, il y eut une belle ambiance ce jour là, Le CSBJ remporta encore le match par 19 à 9 et se donna le droit de remonter à l’échelon supérieur, mais ce n’était pas terminé et l’équipe poursuivi par une victoire 34 à 17 contre le SBUC en quart, ensuite se profila une redoutable équipe d’Albi en demi, revanche pour cette équipe de la défaite subie lors du match de la montée en 1971. Qu’à cela ne tienne Bourgoin battit Albi 7 à 3 avec un super JP Lacoste en 3ème ligne.
Une nouvelle finale se présenta contre cette fois-ci l’équipe du Creusot. Equipe valeureuse, accrocheuse mais sans génie ou le ballon n’allait pas au-delà du N° 10 qui tapait des coups de pieds de déplacements ou des chandelles assez stériles. En face le CSBJ avait plus d’expérience avec une équipe constituée aux 2/3 des mêmes joueurs qu’en finale 1971. Il y avait cinq nouveaux joueurs en 1973 :
Aux ailes G. Trevisanuto et JC Zulin (un sacré ailier de débordement ce Zulin, rapide avec des crochets intérieurs dévastateurs),remplaçants M. Pignatelli et Nottin.
En troisième ligne JP Lacoste et G Bonnet remplaçaient Basset et Gastaldin. La 3ème ligne constituée de S.Dunet – JP Lacoste et G. Bonnet fut sans doute l’une des meilleures troisièmes lignes que le CSBJ constitua, parce que très complémentaires, S. Dunet joueur d’expérience capitaine et maître à jouer de l’équipe, JP Lacoste le premier impact player avec des charges dévastatrices, son gros défaut un tempérament fort avec des poings également dévastateurs qui lui valurent quelques problèmes avec les arbitres. Enfin G. Bonnet le plaqueur, gratteur, coureur, infatigable.
En première ligne A. BUIRET un très bon pilier venu du SA Auto Lyon remplaça Zaratin.
Cette finale fut dominée en première mi-temps par le CSBJ qui répondit à l’ouverture du score du Creusot (drop de Chalmandrier) par un essai non transformé de P. Glas et un drop du canonnier G. Betbeder. Une pénalité du Creusot par Bachinski donna un score serré à la mi-temps : 7 à 6 ne reflétant pas la domination et l’expérience du CSBJ. En fait cette finale valut par son suspens en deuxième mi-temps puisque JC Zulin se fit une grosse entorse de la cheville au tout début de la mi-temps et comme les remplacements sur blessures n’étaient pas autorisés en 1973, l’équipe du jouer à 14 puis à 13 contre 15 puisque le bouillant JP Lacoste se fit expulsé pour des coups de poings bien assénés sur son vis-à-vis Mathieu qu’il mit KO. Grosse perte.
Mais c’est là que l’équipe fit preuve de sang froid et d’expérience et s’organisa pour contrer les attaques désordonnées et stériles du Creusot. Si déjà un esprit de la Berjallie se manifestait sur le terrain, c’est bien au cours de cette 2 ème mi-temps où l’équipe fit preuve de solidarité, de sang froid et de vaillance pour défendre son maigre avantage au score autour de son capitaine S.Dunet. G.Betbeder rajoutait même une pénalité pour porter le score à 10 à 6. Ainsi contrant toutes les attaques du Creusot souvent des chandelles stériles, le CSBJ jouant à 13 gagna au bout de son infériorité numérique et avec courage son 3 ème titre de champion de France 2 ème division.
Bien sur, c’est la liesse au coup de sifflet final avec une foule énorme qui envahit la pelouse du stade Malleval de Roanne et beaucoup de monde également dans toute la ville avec une réception des Champions de France le lendemain.
Les joueurs de cette époque s’amusaient, ne se prenaient pas au sérieux, avec de sacrés 3 ème mi-temps. Les bars de la place du 23 août étaient souvent fréquentés. Il y en a même un qui était tenu par S. Dunet « le Flanker ».
Bref Une bande de copains. Cela ne les empêchait de gagner des titres et faire preuve de solidarité, vaillance, l’amour du maillot et de ses couleurs n’était pas un vain mot. Franchement il fallait le faire de jouer une finale de championnat à 13 quasiment toute une mi-temps. Etant présent, je n’étais pas trop rassuré.
Les joueurs actuels pourraient s’inspirer de cette deuxième-mi-temps, s’ils pouvaient la visionner au lieu de sombrer un peu minablement sans réaction samedi dernier 6 mai 2023.
La Berjallie, la Berjallie, les joueurs, dirigeants actuels ont tous ce mot à la bouche, mais ça ne se décrète pas, c’est un état d’esprit fait de solidarité, d’altruisme, vaillance, qui existent peut-être pour des joueurs du cru comme M. Nicolas ou R. Bouet, mais qui sont bien éloignées de beaucoup de joueurs venant de divers horizons et plus proches de la valeur portefeuille…
Comme beaucoup de forumers de ma génération ou d’autres plus anciens, nous avons eu la chance de connaître cette période du CSBJ qui gagna 3 titres de champion en 8 ans. Après ce titre 1973, le CSBJ parvint à se stabiliser en 1 ère division à la faveur de changement de formule du championnat, groupe A, groupe B et enclencha une lente montée vers les sommets, en se structurant et en formant beaucoup de très bons jeunes joueurs. Cela ne fut pas linéaire, il y eut des saisons galères, mais en 1994 le CSBJ se qualifia pour la première fois de son histoire pour les quarts de finale du championnat 1 ère division ou top 16.
Le CSBJ souffre depuis 2011. On ne se remet pas facilement de deux liquidations judicaires et de la désorganisation que cela a entrainée sur le centre de formation et des équipes de jeunes.
De plus le contexte professionnel exclut certaines valeurs chez les joueurs, certains ne sont que de passages. Mais on va rester optimiste et dire que selon l’adage « les grands clubs ne meurent jamais… », du moins on l’espère.
Quelques photos souvenirs de ce titre de champion 1973 :